Cela a beau être mon deuxième enfant et donc mon second post-partum (j’écris second en pleine conscience, car il n’y aura pas de troisième !), je ne pensais pas pouvoir encore tomber de haut avec toute la préparation que j’avais faite. Et pourtant !
C’est une période souvent négligée principalement pour deux raisons : d’une part, car notre société la nie en exigeant de la mère à ce qu’elle soit sur pieds le plus rapidement possible, et d’autre part, car ses enjeux sont bien trop méconnus des jeunes mamans et de leur entourage.
Cette période, je l’avais complètement sous-estimée lors de ma première grossesse. Je me suis retrouvée avec des suites de couche compliquées moralement, un manque d’accompagnement et d’écoute. Notre démarrage d’allaitement foireux y était pour beaucoup mais également une charge mentale non libérée et ce dictat du « je dois vite être en forme et que tout redevienne comme avant! », ou encore « ça ne doit pas être difficile, c’est tellement beau d’avoir un enfant, de quoi je me plains », « je n’y arrive pas, je suis nulle… » et autres joyeusetés !
Ainsi pour cette seconde grossesse, j’écrivais dans mon article ICI : « je laisse ces certitudes aux autres. Cette fois-ci, je privilégie mon bien-être et ma symbiose avec ma toute petite. Tout le reste, absolument tout le reste, attendra. Sauf, bien évidemment, les besoins de mon aînée qui restent mon autre priorité. Mais je ne veux pas entendre parler de ménage, cuisine, rangement, ou obligation sociale quelconque. Lorsque j’écris ces lignes, nous sommes en novembre 2020, en plein confinement à cause du coronavirus et probablement que ça diluera grandement les visites à la naissance de la puce, ce qui n’est finalement pas une mauvaise chose. »
Et tout cela, je l’ai appliqué. Probablement que mon post-partum aurait été encore plus difficile si ce qui précède n’avait pas été appliqué.
Mais tout ne s’est pas passé comme je l’avais si bien prévu.
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La présence de l’aîné
La première inconnue de l’équation que je n’avais pas suffisamment anticipée a été la présence de l’aînée et un accouchement la veille des vacances scolaires…! Pour un début de mois d’or sous le signe du repos et de la position allongée, on repassera ! Il était hors de question de l’envoyer chez les grands-parents, elle y avait déjà passé les 4 jours où nous étions à la maternité. Elle avait besoin de nous retrouver et nous aussi. Une petite fille de 4 ans, en vacances, qui vient d’avoir une petite sœur et qui est au summum de l’excitation et à fleur de peau en termes d’émotions, ce ne fut pas de tout repos ! Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, j’ai très bien vécu cette période. Mon mari était là H24, mon aînée très attentionnée envers sa petite sœur et très compréhensive quant aux soins que nécessitait le bébé. Je réussissais grâce au portage à combler ses besoins de moi tout en gardant la petite près de moi. Papa a été primordial pour tout le reste et comme d’habitude, il a été plus qu’à la hauteur. Plus qu’un simple bras droit, ma moitié complémentaire. Mais cela n’a duré que les 2-3 premières semaines, les semaines où le nouveau-né est « au repos ». Elle passait le plus clair de son temps à dormir et qui plus est dans son couffin !
Mais cela n’a pas duré.
Après ces 2 semaines presque surréalistes, la situation s’est complexifiée : ma grande a repris le chemin de l’école et il a donc fallu reprendre et suivre le rythme. Parallèlement, mon nourrisson s’est réveillé et nous avons dû faire face à une petite fille très tendue et impossible à poser. Je devais donc la porter à longueur de temps ou subir des crises de pleurs inconsolables. Jongler entre les besoins du nouveau-né et les habitudes et rituels de l’aînée. Chance pour moi, ma grande qui a toujours été « mama only » pour les couchers et les levers a accepté assez facilement que ce soit papa qui reprenne le flambeau. Mais moi…je vis dans le manque de ma fille. Elle me manque tout le temps, elle me manque à longueur de jour et de nuit. Je culpabilise de ne pas avoir de temps à lui consacrer, de ne plus être là pour elle au quotidien et dans ces moments ritualisés. Je culpabilise de ne pas partager ses repas, de ne pas pouvoir m’assoir et jouer avec elle. Je culpabilise de tout le temps lui dire de parler moins fort et de devoir la quitter parce que sa sœur pleure à peine le jeu entamé.
Mais elle, elle me bluffe. Elle n’a pas l’air de le vivre plus mal que ça. Il faut dire qu’elle a un papa hors pair qui assure comme un chef !
Nous terminons le 3e mois lorsque je rédige cet article, et le quotidien se fait doucement plus doux. Bébé connaît de plus en plus de phases d’éveil et peut donc rester plus longuement avec papa et je retrouve de courts instants avec mon aînée à mon (et à son) plus grand bonheur !
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Un second bébé aux besoins intenses
On a beaucoup réfléchi ce second enfant avec le mari. Beaucoup. Et il ressortait de nos discussions que ça ne pouvait pas être pire qu’avec notre aînée en termes de difficultés les premiers mois. Nous étions dans l’erreur. Certes, la mise en place de l’allaitement s’est faite facilement et sans encombres contrairement à la première fois mais nous avons de nouveau hérité d’un bébé qui pleurait beaucoup et que l’on ne pouvait poser. Cette fois-ci mieux armés, nous avons réussi à rapidement identifier la cause (freins restrictifs causant un reflux interne et des tensions) et à organiser une prise en charge (ostéo & chiro). A 3 mois, nous avons un bébé bien plus apaisé mais que l’on porte beaucoup et qui fait son job de nourrisson : n’être bien qu’au contact de sa mère.
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Un portage constant et en mouvement !
Comme je l’écrivais, notre puce demande un portage constant à bras ou en portage, peu importe. Il faut que ça porte et qu’il y ait du mouvement. Plus le temps passe, plus ses phases d’éveil se rallongent sur le tapis ou occasionnellement dans le transat mais elle passe encore le plus clair de son temps dans mes bras. Ca ne me stresse pas pour un sous en termes d’habitudes mais ça complexifie le quotidien avec un aîné ! Son besoin de mouvement en particulier car je ne peux pas m’assoir et jouer avec ma grande. Il faut que ça bouge ! Je m’évertue donc à toujours proposer à mon aînée des jeux que je peux assurer debout ou assise sur le ballon de gym (danse, parcours motricité, dessin à table, etc).
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Un village quasi désert
Quand on lit des livres sur le post-partum ou même sur la maternité, c’est un terme qui revient sans cesse. Oui, il faut tout un village pour élever un enfant. Mais combien ont réellement la chance de disposer d’un tel village ? Et pour celles qui en disposeraient peut être d’habitude, combien n’ont pas pu à cause du covid ? Pour certaines personnes, on s’attend naturellement à ce qu’elles fassent partie de notre village et puis en réalité, une fois bébé arrivé, il n’y a personne. Et c’est la claque. On est seule, ou presque, avec notre nouveau-né.
C’est génial d’avoir un super village autour de soi. J’ai moi-même participé à un blessing way où nous avons toutes apporté des plats à surgeler pour la future maman et où nous avons été la pour elle en cas de besoin. Mais cela reste tout de même assez rare encore aujourd’hui même si des initiatives en ce sens voient le jour !
De mon côté j’ai eu la chance que ma super maman nous prépare un bon paquet de plats à congeler. Mais surtout, grâce au covid, j’ai eu mon mari en télétravail à la maison pour préparer le déjeuner tous les jours et me tenir bébé pendant que je mangeais et ça, ça change tout ! Je me souviens lors de mon premier congé mat, je mangeais n’importe quoi, n’importe quand…c’était très aléatoire et souvent, j’attendais qu’il rentre le soir pour manger un « vrai repas ».
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Un mois d’or inexistant
J’en ai lu des bouquins pour me le préparer ce mois d’or, ce 4e trimestre. Mais c’était sans compter sur tout ce qui précède. Alors je ris jaune quand je repense aux préconisations de rester allongée, au chaud, de boire des tisanes etc. J’aurais vraiment aimée et peut être que pour un premier c’est faisable ! Sous réserve que bébé n’ait pas de RGO, ne doivent pas être porté à la verticale non stop ou autre inconfort. Mais clairement à partir du second et tant qu’il y a au moins un autre enfant en bas âge dans les parages, c’est selon moi totalement illusoire…et mieux vaut le savoir ! Parfois je me demande si je n’aurais pas mieux fait de ne rien lire à ce sujet tellement je suis déçue et frustrée de ne pas avoir pu en profiter. Mais la réalité, c’est que ces ouvrages m’ont tout de même permis de mettre en place tout le reste : ménage, lâcher prise sur le rangement, etc.
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Ma seule réussite
Ma seule prévision réussie a finalement été de ne pas m’assoir sur la bienveillance et l’indulgence à mon égard. Je me suis autorisée à me plaindre de ma condition, à pleurer et à me sentir dépassée certains jours tout en étant émerveillée par mon nouveau-né et par la magie de cet amour naissant. On n’est pas obligée d’être en dépression post-partum pour trouver cela difficile ou pour avoir le droit de se plaindre. Comme on n’est pas obligé d’être forcément heureuse et épanouie d’avoir mis au monde un enfant. In fine, le post-partum c’est ça : trouver un nouvel équilibre, se ré-apprivoiser et s’apprivoiser, apprendre à se connaître et à se reconnaître tant bébé que soi-même et comme pour tout, c’est chacune à son rythme.
Très bel article ! Je t’envoie plein de force. Merci de partager ton expérience et ressenti, on culpabilise moins de savoir comment se passe ailleurs ^^
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Je suis quasiment dans la même situation que toi et ça fait du bien de te lire! Un mois d’or avec un ainé ce n’est pas vraiment un mois d’or et d’avoir lu beaucoup de choses à ce sujet sans pouvoir le vivre c’est un peu dur…
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C’est très bien dit et très juste. Je suis enceinte de mon deuxième et moi aussi je me pose beaucoup de questions sur le post partum à venir… et oui il fait que l’on partage aussi nos difficultés pour réussir à déculpabiliser et prendre du recul. Merci
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