Garde-partagée ou assistante maternelle et allaitement

Si la durée de l’allaitement en France est en moyenne de 3 mois (durée très en dessous des recommandations internationales ou même françaises), et qu’à 1 mois, seulement un enfant sur deux est allaité, puis un enfant sur quatre à 6 mois, et si l’on met de côté le travail actif et réussi des lobbys industriels (merci Nestlé), ces chiffres sont dus à un durée de congé maternité record en France.

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Source : Women&Tech

Les mères reprennent souvent le travail aux 2 mois et demi de leur bébé si elle n’ont pas eu la possibilité de le prolonger au-delà de la durée légale. 2 mois et demi ! Inutile de dire qu’à 2 mois et demi, la lactation n’est pas encore définitivement installée et beaucoup de sevrages non naturels interviennent pour cette cause.

Pour celles qui s’accrochent : quid de mon allaitement une fois le travail repris ?

Sur l’allaitement et la reprise, vous pouvez aller lire l’article dédié, ici.

Mais outre la reprise de l’activité professionnelle en tant que telle, la reprise signifie surtout que bébé sera gardé par une/d’autres personnes que sa maman. Différents modes de garde sont envisageables : famille, mode de garde collectif, assistante maternelle, auxiliaire parentale. Cet article portera principalement sur les gardes à domicile (parental ou chez l’assistante maternelle) puisque c’est l’unique mode de garde que nous avons testé pour le moment.

Alors puis-je poursuivre mon allaitement si mon enfant est gardé par une auxiliaire parentale ou une assistante maternelle (appelons les nounous pour la suite de l’article) ?

Tout dépendra de votre nounou et c’est un sujet à aborder tant avec la co-famille, si vous faites une garde partagée, qu’avec elle pendant les entretiens d’embauche. Il y a tout de même peu de chance qu’elle ne soit pas réceptive à votre demande, les contraintes étant plutôt mineures pour la nounou comme nous allons le voir.

Certaines auront la possibilité de rentrer à la maison ou passez chez l’assistante maternelle pour une ou plusieurs tétées durant la journée (ou à la crèche). C’est ce que j’appelle la situation « royale » puisqu’en plus de pouvoir nourrir bébé sans vous poser la question de la quantité, vous vous évitez le tirage et surtout vous remplirez le réservoir affectif avant de retourner au boulot ! J’aurais tellement dû faire cela avec Alex ! J’étais persuadée que cela rendrait la séparation difficile à nouveau alors que la séparation avait déjà été difficile le matin. Je pense aujourd’hui que c’était une erreur, on aurait toute les deux rempli nos réservoirs affectifs.

D’autres choisiront un allaitement mixte, préparation commerciale en l’absence de maman et tétées à la demande avec maman et dans ce cas, il n’y a pas de difficultés d’organisation. La nounou préparera les biberons de bébé selon vos instructions. Le seul point d’attention, et pas des moindres, étant l’éventuelle baisse de lactation induite par la réduction du nombre de tétées si la lactation n’est pas encore bien installée.

Dans tous les cas, il est bon de tester l’acceptation par bébé du substitut préalablement au début de la garde pour éviter toute mauvaise surprise, c’est-à-dire vérifier d’une part la tolérance de bébé à la préparation commerciale choisie, et d’autre part, même dans le cas du tirage de lait maternel, que bébé accepte bien de boire au contenant choisi. En cas de refus, pas de panique ! Il existe une liste longue comme le bras de méthodes alternatives à l’utilisation du biberon que vous pourrez tester pour nourrir bébé (pour la liste, voir ici et pour des témoignages, voir ici).

  • La garde du bébé allaité exclusivement et non encore diversifié

Le bébé non encore diversifié ne se nourrit que de lait maternel. Il faudra donc fournir à votre nounou du lait en quantité suffisante chaque jour pour que bébé boivent à sa faim.

Et c’est là qu’intervient la question à 1 million : quelle est cette quantité suffisante ? 

C’est LA question qui taraude toutes les mamans allaitantes puisque lorsqu’on allaite on ne sait pas quelle quantité exacte bébé ingurgite au cours d’une tétée, ou au cours d’une journée. On sait juste s’il a faim ou s’il est rassasié.

Toutefois, les études ont montré qu’un bébé de 1 semaine à 1 mois prend en moyenne 150 ml de lait par kilo et par 24 heures. Un bébé de 3 kg va donc boire en moyenne 450 ml par 24h. Cette quantité augmente durant le premier mois.

Entre 1 mois et 6 mois, un bébé allaité boit en moyenne 800 ml de lait par 24 heures.

Attention, il s’agit d’une moyenne, certains bébés vont prendre 700 ml et d’autres 900 ml voir un litre !

Pour avoir une idée de la quantité de lait que boit votre bébé lors d’une tétée, vous pouvez donc diviser ce total par le nombre de tétées. Cependant, le résultat sera forcément inexact puisqu’un bébé ne boit pas forcément la même quantité à chaque tétée.

Source

Je ne suis pas pédiatre, ni consultante en lactation, ni quoi que ce soit du corps médical, je livre juste ici mon expérience de maman.

Et mon expérience, c’est que la quantité suffisante c’est celle que vous arrivez à produire.

Quelle que soit la quantité que vous arrivez à produire, si bébé est allaité en open-boobs dès qu’il est avec vous, que bébé mouille régulièrement ses couches et a des selles régulières, c’est généralement que tout va bien.

Bébé refuse le lait en votre absence ?

Cette situation peut être très stressante et mettre en péril votre décision de continuer l’allaitement lors de la reprise. Or, sauf cas spécifiques où bébé perd du poids, ne mouille plus ses couches ou change de comportement, il faut garder en tête qu’un bébé ne se laisse pas mourir de faim.

Pour un tout-petit, mon avis est qu’il faut tout de même trouver un moyen de l’alimenter (pour des alternatives au biberon, c’est ici), ou avec du lait maternel sous forme solide (flan, crème).

Pour le bébé diversifié, on peut compter sur le solide et laisser bébé se rattraper en open-boobs le soir et la nuit venus !

Parfois, le refus durera un temps puis bébé acceptera le changement. D’où l’importance de lui reproposer régulièrement, même en cas de refus. Vous pouvez retrouver une série de témoignages de mamans et leurs solutions, ici.

Si bébé est encore petit, pensez à fournir à votre nounou du lait en petites coupures (flacons de 30 à 60 ml) et qu’elle lui donne en plusieurs rations dans la journée puisque rappelons-le un bébé allaité à la demande n’a pas l’habitude de se nourrir en une fois, il prend de petites quantités tout au long de la journée et de la nuit.

Autre chose, briefez votre nounou sur la façon de donner le biberon. Un bébé allaité ne sait pas prendre le biberon et a tendance à avaler très vite son contenu (puisque ça coule plus facilement et sans trop d’efforts !), dites lui de faire des pauses pour tempérer la durée du boire.

Petit à petit et ensemble vous trouverez votre rythme ! Ce n’est pas grave de se planter au début, même si ça implique un peu de gâchis en termes de lait. Donnez vous le temps de réajuster.

  • La garde du bébé allaité et diversifié

Il peut y avoir 3 situations :

  • Le bébé diversifié et dont la mère arrive à fournir du lait maternel pour ses repas

Lorsque bébé est encore petit ou en démarrage de diversification, il est préférable de lui proposer le solide après sa ration de lait maternel.

Un bébé diversifié a généralement plus de 6 mois et peut se contenter de 1 à 2 biberons de lait maternel pendant la journée.

Alex était diversifiée lors du démarrage de la garde et elle prenait 50 ml de LM à 10h, 100ml de LM à 12h et 100ml de LM à 16h. C’était le max que j’arrivais à tirer : je tirais 120ml (les deux seins combinés) le matin et 120 ml l’après-midi.

  • Le bébé diversifié et dont la mère n’arrive pas à fournir de lait maternel ou pas en quantité suffisante ou encore qui arrive à fournir les quantités mais dont le bébé refuse de boire autrement qu’au sein et qui accepte de remplacer les biberons par un laitage

Lorsqu’on ne peut ou souhaite pas tirer son lait au travail ou qu’on n’arrive pas à tirer de quantités suffisantes, ou encore que bébé refuse de boire autrement qu’au sein et qu’on ne souhaite pas donner de préparation commerciale à bébé, on peut aussi remplacer ou compléter les biberons de la journée par des laitages sous réserve de conserver un allaitement à la demande lorsqu’on est avec bébé.

Chez nous, on a introduit assez rapidement le laitage au goûter. Comme je n’arrivais pas à tirer d’énormes quantités, cela a permis d’augmenter la quantité du biberon de 12h à 170 ml (en y concentrant tous les lait tiré la veille). Donc à 7 mois, Bébé Nova prenait, en plus du solide, 170 ml de LM à 12h et un laitage avec ses fruits au goûter. Chez nous, le rattrapage avait lieu en soirée mais surtout la nuit 🙂

Ça m’a rassurée à cette époque là car j’avais peur qu’elle n’ai pas assez à manger. Avec du recul, je ne proposerais pas de laitage tout simplement car bébé n’en a pas besoin en étant allaité à la demande. Surtout que finalement avec le solide, elle ne risquait pas d’avoir faim et ses besoins nutritionnels étaient largement couverts par le solide + l’allaitement à la demande.

A noter que si vous optez pour les laitages, il faut éviter de les proposer aux mêmes repas que les autres protéines sous peine de doubler la dose et de finalement exagérer sur les quantités de protéines.

  • Le bébé diversifié et dont la mère n’arrive pas à fournir de lait maternel pour ses repas ou encore arrive à fournir les quantités mais dont le bébé refuse de boire autrement qu’au sein et qui ne veut ou ne peut pas les remplacer par un laitage (IPLV ou autre)

Ne rien proposer en substitut n’est à mon sens pas tenable avec un tout-petit non diversifié. Toutefois, à partir de la diversification, je pense que bébé peut se passer de lait maternel ou de laitages en journée s’il est en mesure de se rattraper au sein lorsqu’il est avec maman. Dans ce cas, il est très probable que votre bébé se rattrape grandement le soir et surtout la nuit, donc no panic !

Vous pouvez retrouver ici un super article avec des témoignages sur les bébés intolérants aux protéines de lait de vache (IPLV) et les solutions des familles confrontées à cette allergie. On y trouve également des alternatives intéressantes même si bébé n’est pas IPLV !

  • Les règles pratiques du bébé allaité pour la nounou

On rappelle à la nounou les règles de conservation du lait maternel :

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Ensuite, on lui explique les règles d’or :

  • on se lave les mains avant de manipuler le lait et le biberon (même règle qu’avec une préparation commerciale !)
  • on conserve le lait dans la partie froide du frigo (et pas dans la porte)
  • un biberon de lait maternel frais (càd non décongelé) non terminé peut être remis au frigo et bu au prochain repas
  • si votre bébé aime le lait chaud, le lait maternel se réchauffe au chauffe-biberon, bain marie ou sous l’eau chaude du robinet mais jamais au micro-ondes !!!
  • le lait congelé se décongèle au frigo ou selon les procédés cités ci-dessus s’il est consommé immédiatement
  • un biberon de lait maternel décongelé non terminé doit être jeté.

Pour rappel, comme on l’a dit plus haut, on brief la super nounou sur la façon de donner le biberon. Un bébé allaité ne sait pas prendre le biberon et a tendance à avaler très vite son contenu (puisque ça coule plus facilement et sans trop d’efforts !), dites lui de faire des pauses pour tempérer la durée du boire.

Un dernier point important : il est normal de ne pas tirer beaucoup de lait lorsqu’on tire en plus des tétées !!

Lorsque vous tirerez au travail par exemple, vous tirerez à la place des tétées et par conséquent, les quantités seront beaucoup plus importantes !

NO PANIC ! Ne vous inquiétez donc pas si pendant votre congé maternité lorsque vous essayez de tirer, vous obtenez au mieux de piètres quantités et au pire quasi rien, c’est tout à fait normal 😉

 

 

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